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Les galeries d’art dans la crise sanitaire
30 Nov. 2020
Dès la fermeture des lieux publics, imposée par le gouvernement le 16 mars 2020, le Comité professionnel des galeries d’art a réalisé une étude auprès de ses 279 galeries adhérentes afin d’évaluer l’impact de la crise sanitaire du Covid-19 sur leur économie à court et moyen termes. Dix mois plus tard, le Comité professionnel des galeries d’art a souhaité faire un point d’étape sur la santé financière des galeries.
Une première enquête, réalisée en mars par le CPGA auprès de ses adhérents, rendait compte de la fragilité d’un grand nombre de galeries d’art, et présageait qu’un tiers d’entre elles pouvaient ne pas se relever de l’année 2020. En dépit d’une fréquentation plutôt en augmentation depuis janvier, les perspectives 2021 restent préoccupantes.
Des structures fragiles
85% des galeries d’art sont des TPE employant moins de 5 salariés et 52% des galeries déclarent un chiffre d’affaires inférieur à 41 600 € mensuels (500K€ annuels). L’économie de ces petites structures est ainsi liée à l’évolution générale du marché, leur chiffre d’affaires dépendant immédiatement du comportement des collectionneurs. De plus, par rapport à d’autres secteurs, les galeries ont besoin de s’internationaliser pour se développer et assurer la promotion de leurs artistes, ce qui les rend plus dépendantes de la conjoncture mondiale.
Une seconde étude d’impact, menée auprès de ses 279 adhérents en novembre 2020 pour la période janvier-octobre 2020, met en exergue la baisse conséquente de leurs chiffres d’affaires malgré les aides transversales aux entreprises et les mesures plus spécifiques tel que le budget d’acquisitions exceptionnelles du Centre national des arts plastiques (CNAP). L’impact sur l’emploi, et sur les artistes que ces structures représentent, confirme les conséquences de la crise sur l’ensemble du secteur. Compte tenu du poids de l’international sur le marché de l’art, l’absence de foire a renforcé la baisse d’activité.
Chute du chiffre d’affaires malgré les aides
Entre janvier et octobre 2020 le chiffre d’affaires des galeries a reculé pour 78% d’entre elles. Un tiers environ (31%) déclare avoir eu une baisse de chiffre d’affaires de l’ordre de 25 à 50% et un autre tiers déclare une diminution de son chiffre d’affaires de plus de 50% par rapport à 2019. L’examen des évolutions mensuelles indique que les pertes les plus importantes sont survenues entre mars et mai alors que les espaces étaient fermés ; période habituellement intense en termes de foires. Le retour du public en galerie à partir du mois de juin améliore légèrement la situation mais la proportion de galeries déclarant avoir un chiffre d’affaires mensuel en baisse par rapport à la période équivalente de 2019 reste de 60% en juin et se fixe aux alentours de 50% en septembre et en octobre.
Impact sur l’emploi
Les aides aux entreprises n’ont cependant pas empêché les petites structures à réduire leurs équipes puisque 25% des galeries annoncent avoir baissé leurs effectifs ; parmi elles 48% des galeries employant de 1 à 4 personnes. Maillon essentiel du secteur économique des arts visuels à part entière, les galeries génèrent également un nombre important d’emplois induits (régisseurs, encadreurs, photographes, transporteurs…) dont le sort dépend directement de celui des galeries.
Des artistes en danger
La part des artistes vivants est largement majoritaire dans la palette des artistes représentés par les galeries. 73% des galeries ont plus de 60% d’artistes vivants dans leur portefeuille d’artistes et 35% assurent la promotion d’artistes contemporains exclusivement. La fragilisation des galeries touche, par ricochet, les artistes de la scène française puisque pour près de 50% des galeries, leurs artistes sont à 60% issus de la scène française. Enjeu d’autant plus important lorsque l’on connaît la précarité des artistes en France : en 2017, plus de la moitié des artistes annonçaient des revenus artistiques inférieurs à 8 784 € par an.
Les entreprises et les professions libérales, un vivier crucial de collectionneurs
Dans cette période d’incertitude économique où les acquisitions par les particuliers et par les institutions tendent déjà à diminuer, la clientèle que représente les entreprises est décisive pour les galeries d’art et leurs artistes : 72% des galeries déclarent vendre des œuvres à des entreprises. Pour 37% des galeries, le poids des achats des entreprises est de 10 à 20% de leur chiffre d’affaires, voire plus pour les petites galeries. A l’heure où il est sur la sellette, le dispositif fiscal de la Loi Aillagon dédié aux entreprises constituerait pourtant un levier de relance décisif.
La reprise des foires et la relation clients, priorités des galeries en 2021
La reprise des foires est annoncée comme prioritaire pour 75% des galeries. Ce plébiscite des foires témoigne du besoin permanent des galeries d’élargir leur marché et de renouer avec un dynamisme international.
Soigner les relations avec leurs collectionneurs apparaît d’ailleurs comme la seconde priorité. En effet, pour un galeriste, l’enjeu pendant cette période de crise sanitaire, réside à faire perdurer le lien qu’il a avec ses clients, et à toucher de nouveaux acheteurs. Ces enjeux, dans le cas de l’art contrairement à d’autres domaines, ne peuvent être répondus par les seules solutions digitales : l’appréciation de visu des œuvres étant, le plus souvent, une étape décisive dans le processus de découverte de l’artiste et de son travail.